Will s’étira. Aaaah ! Sa sieste lui avait fait un bien fou ! Oui, cet homme venait de faire la sieste. Il était pourtant jeune, avait bien dormi la nuit précédente, et ne se surmenait pas, au contraire ! Moins il en faisait, mieux il se portait. Dos contre un arbre de la forêt profonde et indomptable –territoire appartenant à Septiflore- il re-découvrit doucement la nature qui l’entourait. Quelques oiseaux piaillaient un peu partout. C’était un réveil plutôt agréable. Le Luraien était satisfait. Après quelques minutes, il daigna finalement se lever. Il crût entendre un murmure, et il n’avait sans doute pas rêvé. Beaucoup des arbres du coin étaient dotés d’une forme de vie, et sans doute s’était-il assoupi près de l’un d’eux. Il regarda à droite, à gauche. Des arbres. A perte de vue. Quoi ? Oui bien sûr que Stark savait qu’il était dangereux de traîner dans le coin. Une mort certaine et douloureuse. Voilà comment décrivent ce que vous vivrez dans cette jungle hostile les Septifloras. Vous vous dîtes sans doute que Will était courageux. Faux ! Il était plutôt fou, voire inconscient ! Cette forêt était dangereuse ? Oui et alors ? Il avait envie de roupiller ! En plus, ce n’était pas la première fois qu’il s’y aventurait, et il n’était pas mort pour autant. Jusqu’au jour où, me direz-vous. Bref ! Toujours est-il que le Luraien poursuivit sa route. Retourner à Septiflore ? Oh non ! Il voulait s’approcher un peu d’Anterina. Il n’y avait encore jamais mis les pieds. Et ce devait sans doute être très intéressant de voir une civilisation sous-marine. Il se dirigea donc dans la direction qu’il supposait être la bonne. Saviez-vous, mes chers lecteurs, que William Emile Stark avait une chance insolente ? Ce jour-ci, elle ne lui fit pas défaut. Il arriva bel et bien à la sortie du labyrinthe, et sur les berges du Royaume aquatique. Rah, mais quel talent ! Il se félicita intérieurement. De simples compliments ? Non, il se faisait limite une ode rien que pour lui là ! Et non je n’ai pas parlé d’iodes, rentrez chez vous, vilains poissons !

°Ce que tu peux être génial Will. T’y voilà enfin. Tu es vraiment le meilleur, y a pas à dire. Et dire que Jadisse ignore tout du génie que tu es. Quel gâchis. Pauvre fille, je la plains vraiment. Mais un jour elle verra ce que tu vaux et tu te retrouveras à ses côtés, j’en suis certain.°

Oui, il est vrai, c’était assez pathétique. Mais bon, c’était tout Will, ça. Pathétiquement attachant. Il continuait à marcher, sans vraiment prêter attention où il mettait les pieds. Il eut juste le temps d’entendre un bruit, comme si la terre se fissurait, et soudain…Pouf, il était à l’eau. Surpris, il oublia de nager. D’ailleurs, c’était la première fois qu’il se retrouvait tête la première dans un lac, savait-il seulement le faire ? Il agita tant bien que mal les bras. Malheureusement pour lui, se débattre ne l’affaiblissait que davantage. Il coulait. Le soleil disparaitrait tôt ou tard, ne laissant que la profonde et trouble noirceur des océans anteriniens. Alors quoi ? Il allait finir sa vie ici, au fond de l’eau ? Tout ça parce qu’il avait été trop curieux ? La dernière chose qu’il eut le temps de voir avant de perdre conscience, c’était une forme noire et floue qui s’approchait de lui. Un gros poisson ?

La forme sombre s’approchait toujours un peu plus de Will. Un gros poisson ? Qu’est-ce qui se cachait dans les eaux claires de ce lac ? Le Luraien était plutôt intelligent, mais niveau poisson, il pêchait (Blague pourrie 8D). Il essaya bien de reculer, mais son esprit commençait déjà à le quitter. Il suffoquait, peinant à retenir le peu d’oxygène qui lui restait. Il crût bien sa vie finie. Noyé, avalé puis digéré par un poisson. Quelle fin pourrie. Plutôt crevé étranglé par des lianes dans la forêt profonde et indomptable !

Alors qu’il faiblissait, et qu’il voyait là les derniers moments de sa vie, il ferma les yeux. Il ne voulait pas voir sa propre mort. C’était trop horrible. Dire qu’il n’avait même pas eu le temps de faire sa demande en mariage à la Reine de Lura ! Quelle injustice cruelle ! Elle se marierait avec un homme qui ne l’aimerait que pour sa couronne, et qui la ferait assassiner pour avoir les pleins pouvoirs ! Alors que lui, il l’aurait aimé comme il fallait ! Avec de la tendresse, de la passion, et de l’amour. Mais il n’avait rien eu le temps de faire. Quel gâchis ! Il se maudissait ! Il aurait du lui avouer, lorsqu’il était rentré au Royaume. Peut être n’en serait-il pas là, aujourd’hui ? C’est donc en se maudissant qu’il allait terminer sa vie. Mais soudain, quelque chose le saisit fermement. Il remontait. Il le sentait ! Un…Anterinien ? Il rouvrit les yeux et leva la tête. Près de lui s’agitait une grosse queue. Une sirène. Donc sa déduction était exacte. Anterinienne, vu la longueur des cheveux. Elle le tenait par le bras, et le faisait remonter à la surface. Heureusement que quelqu’un passait par là, sinon, sa vie aurait été plutôt courte !

Enfin ! La surface arriva, et il happa une première et longue bouffée d’air frais. Dieu que ça faisait du bien de respirer ! Sa gorge était brûlante, il était haletant, mais sain et sauf, et c’est ça qui importait ! La jeune femme le poussa tant bien que mal sur la berge, et il essaya de l’aider aussi bien qu’il le put. Malheureusement, ses doigts étaient démunis d’ongles, ce n’était donc pas facile d’attraper quelque chose d’aussi instable que la terre. M’enfin. Il était sur cette dernière, il n’allait pas la blâmer et l’accabler. Étendu, il respirait rapidement, cherchant à retrouver un rythme cardiaque correct. Quand ce fut le cas, il daigna enfin s’asseoir. Sa sauveuse se trouvait là, face à lui, l’observant. On aurait pu croire que sa courte escapade au royaume sous marin aurait assagi ce jeune homme pour un temps, mais non…

▬ On dit qu’on voit sa vie défiler devant ses yeux avant de mourir. Foutaises.

Pauvre femme. Elle venait de tomber sur le plus fou et siphonné de tous les Luraiens. En fait, peut être était-il l’Homme le plus fou de ce monde ? Sa folie ? C’était juste de l’intelligence précoce, que les gens n’étaient pas prêts à accepter. Quand il avait dit à ses parents qu’un jour les carrosses se déplaceraient sans créatures, ils l’avaient crû malade. Heureusement, les asiles n’existaient pas encore. Sinon, il y aurait été enfermé, c’était sûr. Mais la chance fait bien son travail, et je le rappellerai la sienne était insolente.